mercredi 18 novembre 2009

Pourquoi une journée sur les enjeux entourant les savoirs féministes?

Octobre 2009. Elinor Ostrom reçoit le prix Nobel d'économie. Elle est la première femme de l'histoire à le recevoir. Politologue de formation,
elle s'intéresse à l'action collective et aux biens publics. L'une de ses œuvres majeures est publiée en 2007 sous le titre Understanding Knowledge as a Commons: From Theory to Practice.



L'attribution de ce prix Nobel est fort significatif dans le contexte où les savoirs deviennent la pierre angulaire du mode de développement des sociétés et font déjà l'objet de débats dans différentes arènes. Dans l'arène gouvernementale et institutionnelle, les sommets mondiaux sur la société de l'information (SMSI 2003; 2005) ainsi que de nombreux rapports d'institutions internationales font état de la centralité de l'information et des savoirs dans le nouveau mode de développement des sociétés mondialisées qualifié d’hypermoderne, informationnel ou néocapitaliste. D'ailleurs, depuis le début des années 1990, le gouvernement du Canada a affirmé clairement qu'il est décidé à entrer et à contribuer au développement d'une société où les connaissances, les compétences, la recherche, l'innovation, les activités à "haute-valeur ajoutée" doivent prendre une place centrale. Pour sa part, le gouvernement du Québec a développé une politique qui traverse maintenant plusieurs ministères. Par exemples: le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE) a mis sur pied le « programme de soutien et de valorisation du transfert » ; le ministère des Services gouvernementaux (MSG) a élaboré son « Fonds de la société de l'information » ainsi que le « Gouvernement en ligne ». 

Or, plusieurs acteurs et actrices de la société civile questionnent la qualité et la pertinence des savoirs que les institutions et le marché leur transmettent. Près de nous dans l'arène communautaire, Relais-femmes a réalisé le 2 octobre 2008 une journée « De la formation aux pratiques » réunissant non seulement différents groupes communautaires, populaires et féministes mais aussi des fonctionnaires du gouvernement québécois et d'organismes subventionnaires tels que Centraide. Les membres et travailleuses de Relais-femmes y ont soulevé la nécessité de dépasser la vision unidirectionnelle et administrative des activités de transfert des connaissances des universités et institutions vers les  groupes sociaux.  Leurs nombreuses années de pratiques de recherche partenariale les ont conduites à privilégier un processus partenarial plus dynamique et démocratique, fondé sur la coproduction et la codiffusion des savoirs. Aussi dans l'arène des mouvements sociaux, les savoirs deviennent un des enjeux anticapitalistes et altermondialistes de l'heure. Le Forum social mondial de janvier 2009 a, à cette fin, ajouté une nouvelle initiative, le forum mondial « Sciences et Démocratie», pour lequel un comité québécois s'est formé : 

[...] autour des enjeux de la démocratisation des sciences et des techniques : la place de la recherche scientifique dans un monde durable, le statut des biens communs de la connaissance, la démocratisation des choix scientifiques et technologiques dans nos sociétés, le contrôle démocratique à mettre en place face à la montée en puissance des technologies de rupture (du Bits, de l’Atome, du Neurone et du Gène), l’éthique et la responsabilité sociale des chercheurs.

Enfin, dans l'arène scientifique, les centres de recherche et départements d'enseignement doivent plus que jamais tenir compte de ce contexte de mêmes que des enjeux que formulent leurs partenaires communautaires et sociaux. Dans cet esprit, une « plate forme d’échanges » était offerte par le CRIVIFF tout récemment dans le cadre d’un colloque intitulé« Les savoirs en action. Pour une utilisation optimale des connaissances», qui s’est déroulé les 12 et 13 novembre derniers à Montréal.

Dans ce contexte...
  • Sur quelles bases allons-nous développer nos actions la démocratisation des savoirs féministes? 
  • Par quelle stratégie devons-nous nous engager : transfert, mobilisation des savoirs ou autres? 
  • Quel type de collaboration (de recherche, formation, diffusion) souhaitons-nous maintenir et développer ?